La passion du foot… et du code du travail !

9-avril-2016Je dois l’avouer : je ne suis pas une passionnée du foot… surtout du foot business ! Le foot business, c’est l’inhumain d’abord:  en l’espace d’à peine trente ans, le foot est devenu une activité des plus dérégulées de la planète.

Le système est à présent corrompu jusqu’à la moelle. La FIFA, qui était  à l’origine une petite association au service du football, – de par son statut, elle était à but non lucratif- est devenue aujourd’hui une multinationale !

Mais le foot ce n’est pas que cela ! « Le foot est historiquement un sport populaire et aujourd’hui, avec l’aggravation de la ségrégation urbaine/sociale et la paupérisation matérielle des banlieues, un sport pratiqué de plus en plus par les « jeunes de banlieue » » explique Stéphane Beaud. Et le foot est finalement un formidable révélateur des tensions profondes qui traversent la société.

Ainsi, depuis plus de deux mois, la mobilisation pour imposer le retrait de la « Loi Travail » se maintient et s’enracine. Le gouvernement, le Médef et tous les médiacrates nous abreuvent de propos haineux contre le mouvement social et singulièrement contre la CGT et son secrétaire général qui gâcheraient la « belle fête » que serait l’euro, et mettrait en péril la sacro-sainte « attractivité de la France ». Au-delà des scènes de guérilla urbaine entre supporters à Marseille et ailleurs qui disent tout ce qu’il convient de penser de ces poncifs éculés à la gloire du foot-business, il est une autre information, bien intéressante, qui étrangement (!) est passée complètement sous les radars des médiacrates de tous poils: l’euro ne serait-il pas un laboratoire de mise en œuvre de la loi travail avant même son adoption  ?

Ainsi on apprend par les inspecteurs du travail CGT que :

  • la SAS UEFA 2016, société à but très lucratif créée pour l’occasion, a obtenu une exonération fiscale sur les retombées attendues de la compétition, retombées estimées à près de 2 milliards d’euros (droits télévision, billetterie, merchandising). Seule la TVA (payée elle par les consommateurs) sera récupérée.
  • l’UEFA n’aura pourtant pas déboursé un centime pour la rénovation ou la construction des stades, des parkings, des routes… payés par les collectivités locales, la plupart du temps au moyen du partenariat public/privé permettant aux multinationales du BTP de s’en mettre plein les poches au passage. La SAS UEFA a même obtenue une compétence déléguée pour les stades, les camps de bases ainsi que les hôtels des équipes, assumant ainsi une « mission de service public » !
  • Quant au ministère du travail et de l’emploi, il déploie des trésors d’imagination pour éviter de trop laisser entrer le code du travail dans les stades ou les fans-zone, quitte à s’asseoir sur la convention 81 de l’OIT, « par exception aux règles habituelles » au nom de l’état d’urgence et de la « mission de service public » que rendraient les organisateurs de l’Euro :
    – accès aux stades et aux fan-zones rendu particulièrement difficile pour l’inspection du travail
    – vade-mecum de contrôle recommandant de prévenir à l’avance les organisateurs d’éventuels contrôles…
    – contacts pris entre la DGT et l’UEFA pour que le droit du travail suisse s’applique en matière de compensation aux dépassements de la durée du travail ;
    – à Lyon, dispenses d’autorisation de travail pour les ressortissants étrangers accrédités ou désignés par l’UEFA (joueurs, officiels, représentants des sponsors, journalistes, personnes impliquées dans le déroulement de l’euro) et même délivrance d’une carte de séjour temporaire pour les personnes qui séjourneraient plus de 6 mois en France… Pourquoi pas pour tous les travailleurs sans-papiers diront et les migrants, pourrait-on ajouter ????
    – création d’une association de « volontaires » bénévoles (domiciliée au siège de la FFF !) pour éviter à l’UEFA de recourir à des salariés…
    – des équipes de contrôle seront par contre seront constituées contre les auteurs de « marketing parasitaire » (produits contrefaits type écharpes ou t-shirts ; revendeurs de billets ; vendeurs ambulants de nourriture et boisson), constituées de salariés de l’UEFA, accompagnés de « volontaires » ; l’UEFA demandant à la DGCCRF de « patrouiller ensemble » !!!

« L’euro 2016, c’est un peu comme si la loi El Khomri s’appliquait avant l’heure: un droit du travail à la carte, avec des règles au rabais, négociable par tractations avec la DGT, et avec des risques de contrôle et de sanctions très amoindries. Raison de plus pour se batte pour son retrait, surtout pendant l’Euro ! » conclut à juste titre le syndicat.

Et on pourrait ajouter: qui défend vraiment la passion du foot et le vivre ensemble ? D’où vient la violence ? Certainement pas de celles et ceux qui se battent contre cette loi travail, pour le respect du code du travail… jusque dans les compétitions sportives !

Et vive tous les Insoumis qui se battent contre la loi de la jungle: au travail, sur les stades et partout  !

Lili fait des maths… à la piscine de Beaubreuil !

Photo: L. Vigier

Photo: L. Vigier

Renard argenté, offusqué comme Lili de la fermeture de cette piscine municipale, endroit de détente pour les habitants de ce quartier, a quantifié la différence de coût pour, par exemple, une adolescente.

La jeune Mélina qui sait nager va avoir ses 14 ans début juillet. Elle vit avec ses frères et sœurs dans un petit appartement et adore aller à la piscine avec ses copines. Petit moment entre ados sans trop s’éloigner du quartier. Ses parents qui, eux, ne savent pas nager et dont les revenus sont modestes, lui ont promis de lui payer la piscine à BEAUBREUIL une fois par semaine jusqu’à sa majorité.

1°) Comme il n’y a aucun bus direct pour aller se baigner dans une autre piscine municipale, combien va coûter en plus, bus compris, le fait de devoir aller nager à l’Aquapolis qui est dorénavant la piscine la plus proche de chez elle ?

Dépenses à BEAUBREUIL restée ouverte toute l’année :
• Carte PVC Code barre 1 €
• 10 bains (enfant de 4-18 ans habitant Limoges) 10 €
• Nombre de baignades: 52 baignades  / an x 4 ans (18 ans – 14 ans) = 208 baignades
• Nombres d’abonnements de 10 bains à acheter : 208 baignades /10 baignades par abonnement = 20.8 abonnements soit 21 abonnements
Coût : 10 € l’abonnement x 21 + 1€ (frais pour la carte) soit 211 €

Dépenses pour aller à l’Aquapolis :
• Abonnement 20.10 €
• Abonnement heures creuses 10.35 € (10h-12h ou 14h-16h les L, Ma, J et V:  ne convient pas en période scolaire)
• Entrée piscine: 4.40   (Entrée -14 ans: 3.30;  Enfant -3 ans: gratuit)
• Carte 10 entrées (valable 6 mois): 35.50
• Carte famille (50% de réduction sur l’entrée): 22.95
• Entrée carte famille 2.20  (Entrée -14 ans carte famille 1.65)
Tarif bus stcl : 10.10 € pour 10 voyages
• Nombre de baignades : 52 baignades  /an x 4 ans (18 ans – 14 ans) = 208 baignades
• Nombres d’abonnement de 10 bains et de cartes de bus à acheter : 208 baignades / 10 baignades par abonnement = 20.8 abonnements soit 21 abonnements
• Cout sans carte famille: (35.50 € + (10.10 € x 2)) x 21 soit 1 169,70 €
• Cout avec carte famille : (22.95 € x 8) + (2.20 € x 208) + (10.10 x 2 x 21) soit 1 036,12 €

Dépense supplémentaire : 825,12 € (1 036.12 – 211).

Les parents de Mélina devront donc dépenser 5 fois plus !

2°) Au bout de combien de baignades Mélina restera-t-elle à sec, puisque que ses parents ne peuvent pas payer près d’un mois de SMIC net (1 144 € – la mutuelle) pour la piscine de leur fille ?

• Estimation avec 2 cartes familles : 22.95 € x 2= 45,90 €
Il reste au budget 211 – 45.90 = 165.10 €
165.10 / (2.2+ 2.02 de bus) = 39,12 soit seulement 39 baignades soit environ 9 mois
• Estimation sans carte famille : 211 € / ((35.50 € + (10.10 € x 2))/10) = 37.88 baignades (solution moins intéressante)

Pour les cracks en maths: essayer de trouver moins cher tout en rejetant toutes les solutions consistant à sauter le portillon et/ou à frauder le bus !

A n’en pas douter, habitants de Beaubreuil, surtout si l’on est jeune, Monsieur le maire sait nous rendre la vie plus difficile. Et Monsieur le président de l’agglomération avec sa piscine gérée par une société privée ne fait pas mieux.

Merci pour Mélina et les autres, Messieurs.

Défilé de la France insoumise à Paris, le 5 juin

Le 5 juin, la France insoumise défilera à Paris.

Un car haut-viennois est organisé pour l’occasion. J’en serai.

Voir ci-dessous toutes les informations pratiques: quand ? où ? comment s’inscrire et/ou soutenir ?

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L’ouvrir pour ne plus avoir à chuchoter…

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Bien évidemment, j’ai signé la tribune militante de soutien à celle qui ont osé parler: « L’ouvrir pour ne plus avoir à chuchoter« .

Ce texte m’a ramené quelques mois en arrière, en septembre dernier,  lorsque nous avions dénoncé les attaques sexistes du maire de Limoges envers les élues de l’opposition. J’avais alors reçu de nombreux messages et témoignages de femmes, résidentes et/ou travaillant à Limoges, nous remerciant pour avoir parlé publiquement. Je retrouve dans cette tribune, aux mots près quasiment, bien des choses qui m’avaient alors été dites. Le seul moyen d’en finir, de les arrêter ces messieurs en politique mais aussi au travail, c’est de parler, parler haut et fort, collectivement. Oui, merci à elles, celles qui ont osé parler et briser la loi du silence.

Le texte de cette tribune

L’ouvrir pour ne plus avoir à chuchoter

Ces phrases, elles se passent entre femmes. Elles circulent discrètement, se chuchotent même. « Si Untel te propose de dîner au restaurant, dis non », « Surtout ne prends pas l’ascenseur seule avec Machin« , « Sois prudente si tu restes le soir seule au bureau avec Truc« . Sois prudente, fais attention, ferme la porte… mais ne parle pas.

Ces phrases disent tout. Elles disent d’abord que le changement de comportement, la modification des habitudes est à la charge des femmes. Elles disent aussi que l’on sait, que beaucoup savent mais que cela reste tabou. Elles disent surtout que ces Untel, Machin et Truc continueront puisque que ce n’est jamais à eux que l’on s’adresse mais aux femmes qui doivent supporter, éviter ou faire avec.

Pourquoi les femmes ne parlent-elles pas ? Pourquoi ne portent-elles pas plainte pour harcèlement sexuel ?
Des centaines d’ouvrages décrivent les mécanismes qui conduisent les femmes à « s’adapter » à la situation plutôt qu’à la dénoncer. Mais s’il est un exemple qui illustre à quel point il est logique qu’elles ne parlent pas, c’est sans doute cette tribune des femmes journalistes parue dans Libération le 5 mai 2015. Ces femmes ne citaient pas de noms mais disaient les choses. Elles ont mis, courageusement, dans le débat public, cette question des rapports hommes-femmes, du sexisme en politique, et de ces quelques cas d’hommes politiques qui ont tant de mal à « maîtriser leurs pulsions ». Il y eût moult articles et commentaires sur cette tribune, nombreux ont été les éditorialistes et les commentateurs de tous poils qui s’y sont collés et puis… rien. Ou si peu.

Cette tribune disait: « Ils sont issus de toutes les familles politiques sans exception, naviguent à tous les niveaux du pouvoir et n’ont droit à aucune impunité. » Normalement. Dans la réalité pourtant c’est l’impunité qui prime. Quelles suites ont été données par les partis politiques à cette tribune ? Quelles mesures ont été prises ? Quels contacts ont été noués pour tenter de connaître l’identité des personnes ciblées et de remédier à ces comportements ? La réponse est aucune ou pratiquement; des frémissements bien insuffisants.

Le silence des politiques révèle avec force l’impunité, l’absence trop souvent, de mesures internes dans les partis, et au-delà, la difficulté même de reconnaître que cela existe – même si mezzo vocce c’est connu de tous.

Alors nous voudrions juste dire ici merci.
Merci à celles qui ont eu le courage de briser la loi du silence et de mettre, avec encore plus de force dans le débat public, la réalité de ces comportements. Parce qu’il n’y a manifestement qu’en dénonçant publiquement les personnes que les choses sont susceptibles d’avancer. Rares en effet sont les plaintes déposées. Et lorsqu’elles le sont, elles donnent rarement suite à des poursuites judiciaires. Les « transactions financières » sont souvent la voie privilégiée de gestion de l’agression en lieu et place d’un véritable procès.

Quand il ne s’agit « que » de harcèlement l’omerta se construit collectivement, d’un « ah oui, encore ! Il est coutumier du fait « , au « mais il est tellement bon sur tel ou tel sujet« , ou encore « mais si tu parles tu seras discréditée et tu donneras une mauvaise image du parti« . La difficulté des femmes à parler de ce type de violences est générale, mais sans doute amplifiée dans le microcosme politique, où elles doivent plus qu’ailleurs ne jamais paraitre faibles, incarner une posture inverse à celle d’une victime. Derrière ces silences, il y a toujours la peur d’être celle par qui les problèmes arrivent, jugée, mise au ban et finalement politiquement discréditée.

Pour que ce soit le comportement des hommes qui change et non celui des femmes qui s’adapte, pour que les choses bougent enfin et que l’impunité cesse, pour que la culpabilité change de camp, il faut parler. Cette parole, ces paroles doivent enfin devenir un sujet politique et sortir de l’interpersonnel, car c’est profondément de cela dont il s’agit.

Pour toutes ces raisons, nous soutenons, remercions et encourageons, les femmes qui ont parlé : elles ont rendu un grand service à notre démocratie. Et pour que cela ne reste pas une fois de plus lettre morte, il va falloir que les partis politiques osent prendre ce sujet à bras le corps.

Les signataires

La pétition en ligne

La position du Parti de Gauche

Pour le retrait de la loi travail

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Lili et les casquettes

discriminationEn allant manifester
Par un mai ensoleillé
Lili a remarqué
Sur la porte apposée
Du bar qui discriminait*
Que l’affiche avait changé.
Gamins des cités,
Juifs à kippas, vous entrerez
Si, dit l’affiche, vous vous découvrez.
Comme à l’église, galurin quitterez.
Un nouveau lieu de culte est né !

Jamais vain combat n’est mené
Pour toute haine faire plier.

L’affiche offensante retirée
Par cette entourloupe remplacée
Afin de ne pas avoir cédé.
Les commerçants représentez,
Certains d’entre eux sont horrifiés !
Votre affiche vous a déshonorée.
A présent l’interdit contournez.

Amis limougeauds, vous saurez,
Devant les urnes, sanctionner.

* Renseignement pris auprès de la Direction centrale du Ministère de l’intérieur, l’apposition d’une telle affiche sur la vitrine d’un café -certes un lieu privé mais accueillant du public- n’est autorisée par aucun texte; il s’agit  bien d’un cas de discrimination, infraction pénale en vertu de l’article L 225-2 du code pénal, passible de 3 ans de prison et de 45 000 € d’amende, voir plus en cas  de circonstances aggravantes reconnues.

Deux rencontres de Lili…

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Photo E.S.

L’homme est vêtu d’un jean et d’un tee shirt. Il a la quarantaine. Il harangue l’assemblée assise face à lui. Lorsqu’il a pris le micro, il a parlé fort, d’emblée. Il a déroulé sa terrible histoire. Associée à la terrible histoire d’un bassin d’emploi sinistré. Associée à de terribles histoires d’aujourd’hui, de violences patronales, de morts ouvrières par suicides, de vies brisées et de misères.
Il nous a raconté ses humiliations subies devant même sa famille.
Il risque la prison avec sept de ses camarades pour avoir combattu un capitalisme effréné, et cela juste pour l’exemple.
Il nous a exhorté à lutter, à combattre et à ne jamais baisser les bras.

Lili a rencontré et écouté Mickaël Wamen des Goodyear, samedi soir à Limoges.

L’homme est vêtu élégamment. C’est un homme âgé. Il sourit à Lili qui s’approche pour acheter son livre. Elle est émue, gênée car cet homme la remercie d’acheter son témoignage. Lui qui porte ses lourdes blessures. Elle répond que c’est elle qui le remercie de parler. Il a déroulé sa terrible histoire associée à la terrible histoire de millions de personnes emportées dans la tourmente. Associée à de terribles histoires de violences, de morts, de misères. Il a raconté comment on a anéanti sa famille et comment on l’a fusillé.
Il exhorte au refus de la haine de l’autre, à la fraternité. A l’humanisme. Il essaie d’empêcher des Syrie, Rwanda, Bosnie et autres génocides.
Dans ce livre il nous a exhorte à lutter, à combattre et ne jamais baisser les bras.

Lili a rencontré Robert Hébras lors de « Lire à Limoges »

Attractivité disent-ils !

Il y a comme ça des mots très prisés du volapük néo-libéral: compétitivité, flexibilité, modernité…

A la mairie de Limoges ce qu’on aime par dessus tout  c’est : l’ATTRACTIVITÉ. Ah, l’attractivité ! C’est pour elle que, paraît-il, il fallait doter la ville d’un barreau de LGV. On sait à quel fiasco cette aventure là a conduit: 125 millions d’euros partis en fumée ! Mais ça ne suffit pas. Pour l’attractivité, il faudrait aussi de l’évènementiel ruineux, un aéroport non moins ruineux, de la vidoé-surveillance fort coûteuse et des parkings. Il paraît que c’est ça la modernité… à tout le moins celle du siècle dernier. Car pour ce qui est d’aujourd’hui et de demain, on peut avoir de sérieux doutes !

Témoin cette commune de Corrèze, Ayen, qui gagne des habitants en faisant tout l’inverse: en cultivant le bien-vivre, la transition écologique et le lien social … Où il apparaît qu’attractivité peut rimer avec un tout autre monde que celui de la concurrence de tous contre tous, et de la course chimérique à la métropolisation.

 

Le groupe LTG salue la décision responsable et courageuse du Conseil d’État

CPLe groupe Limoges Terre de Gauche salue la décision courageuse et responsable du Conseil d’État qui a déclaré nulle et non avenue la déclaration d’utilité publique relative au projet de la ligne LGV Limoges-Poitiers, résistant ainsi aux pressions honteuses exercées à son encontre.

Nous constatons que les arguments que nous n’avons cessé de mettre en avant pour justifier notre opposition à ce projet ont été largement repris par la plus haute juridiction administrative du pays (projet non financé, temps de parcours affichés très incertains, conséquences désastreuses pour l’axe POLT ….). Les conclusions du Conseil d’État rejoignent celles du rapport Duron et celles de la Cour des Comptes et devraient amener tous les partisans aigris du barreau à faire preuve d’un peu plus de retenue et de discernement dans leurs propos. Ils auront surtout à rendre des comptes sur les 125 millions d’argent public injectés en pure perte en études diverses et participation au TGV Tours-Bordeaux.

L’heure n’est plus aujourd’hui à courir après une chimère. La gabegie a assez duré. Il faut immédiatement déployer tous les efforts et les énergies pour la rénovation de l’axe historique POLT (infrastructure et matériel) et la réouverture du Bordeaux-Lyon. Nous demandons aux élus qui seront reçus le 3 mai par le secrétaire d’État aux transports de défendre cette position.

Errare humanum est, perseverare diabolicum*

UnknownLe Conseil d’État,  juridiction administrative suprême de la République, serait-il devenu  un tribunal où triomphent les lobbies au mépris de l’intérêt général ?

C’est bien l’impression qu’inspirent les réactions dépitées des zélés promoteurs du barreau LGV Limoges-Poitiers, à l’annonce hier de l’invalidation de la DUP. S’il est difficile de dresser le palmarès des réactions lamentables, le maire de Limoges est sans conteste en bonne position pour prétendre à la plus haute marche du podium. « Au nom de soucis particuliers, l’intérêt général est bafoué. Si la France de Napoléon III puis de la Troisième République avait pris en compte les égoïsmes particuliers, jamais notre pays n’aurait connu l’essor industriel, commercial et démographique qui fut le sien à l’orée du XXe siècle. », déclare-t-il. On croit rêver ! Il faut-être plus précis, Monsieur le Maire: à quels intérêts particuliers faites vous ici allusion ? La suite nous éclaire sur la conception singulière de l’intérêt général républicain dont sont porteurs ces autoproclamés Républicains: « François Hollande doit sa carrière à notre région: on aurait pu espérer qu’à défaut d’avoir de la reconnaissance envers celles et ceux qui ont permis à ce Parisien de s’implanter et de prospérer ici – comme Jacques Chirac en son temps qui, lui, fit venir l’autoroute -, François Hollande prendrait conscience de l’importance des enjeux que représente la LGV pour inscrire notre région dans l’Europe de la modernité. » Comment reconnaître plus clairement que, pour ses promoteurs, la LGV était un projet qui aurait du être octroyé à ses amis par le Prince en récompense des services rendus. A celles et ceux qui pensaient congédier les petits arrangements entre amis et le système clientéliste à la mairie par un simple changement d’équipe, la vie s’est vite chargée de montrer que changer les têtes en remplaçant une pseudo gauche par une vraie droite n’est pas la solution pour sortir d’un tel système !

Mais que dit le Conseil d’État ? Reprenons chacune des motivations de sa décision. On y mesurera au passage toute l’importance qu’il y a à juger à l’abri des réseaux d’influence locaux et des petits arrangements entre amis pour retrouver simplement le chemin du bon sens:

  1.  « Le financement du projet n’est, en l’état, pas assuré ». On lit ainsi en outre que « le dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique… ne contient ainsi aucune information précise relative au mode de financement et à la répartition envisagés pour ce projet; qu’eu égard notamment au coût de construction, évalué à 1,6 milliard d’euros en valeur actualisée 2011, l’insuffisance dont se trouve ainsi entachée l’évaluation économique et sociale a eu pour effet de nuire à l’information complète de la population et été de nature à exercer une influence sur la décision de l’autorité administrative« . Le Conseil d’État dit publiquement ici ce que tout le monde sait depuis le début, et notamment les grands élus promoteurs du projet ! Mais ceux-ci ont fait mine de l’ignorer – dupant ainsi les citoyens ainsi que l’autorité administrative qui a accordé la DUP ! – en misant comme de coutume sur leurs réseaux de connivences et d’allégeances pour espérer régler le problème. Las, l’austérité aidant, les « amis politiques » ne sont plus ce qu’ils étaient…
  2. « Les temps de parcours affichés font l’objet d’incertitudes résultant de la complexité de gestion d’une voie à grande vitesse unique assortie d’ouvrages d’évitement ». Ca aussi tout le monde le sait depuis le début, et notamment les syndicalistes cheminots qui l’ont maintenant fois expliqué. Encore aurait-il fallu daigner les écouter… . Tenir les temps de parcours affichés aurait relevé de l’acrobatie permanente alors même que le barreau était prévu à une seul voie (avec un seul point de croisement, à Bellac) et qu’il fallait pour chaque passage assurer un raccordement à Poitiers (aucun trajet direct Limoges-Paris !)
  3. « L’évaluation de la rentabilité économique et sociale du projet est inférieure au niveau habituellement retenu par le Gouvernement pour apprécier si une opération peut être regardée comme utile, en principe, pour la collectivité ». Pour les partisans (dont je suis) d’un vrai service public dégagé de la logique de rentabilité financière immédiate, cet argument ne peut en être un… Mais le juge ne fait pas la loi, il se contente de l’appliquer telle qu’elle est, et en principe  à tous de la même façon. On peut mesurer ici toute la duplicité des élus (PS – droite – FN) porteurs du projet qui soutiennent sans faillir les logiques libérales de rentabilité quand elles s’appliquent aux autres, mais les trouvent bien saumâtres quand elle les touchent directement.
  4. « Si le projet est principalement justifié par des considérations d’aménagement du territoire, la liaison qu’il prévoit se présente comme un simple barreau se rattachant au réseau ferroviaire à grande vitesse, dont il n’est pas envisagé le prolongement ». Comment dire plus clairement que ce projet cul-de-sac (puisque la grande vitesse se serait arrêtée à Limoges) avait pour seule vocation de satisfaire quelques notables et grands décideurs limougeauds… en se parant qui plus est des habits de l’intérêt général !
  5. « Sa mise en œuvre aura, en outre, selon toute vraisemblance, pour effet un report massif de voyageurs de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse vers la ligne à grande vitesse, impliquant une diminution de la fréquence du trafic sur cette ligne et donc une dégradation de la desserte des territoires situés entre Orléans et Limoges » ; là encore tout le monde savait depuis le début que ce projet sacrifiait des pans entiers de notre territoire, notamment les zones les plus rurales.
  6. « En déclarant d’utilité publique et urgents les travaux de construction, dont l’engagement est envisagé entre 2030 et 2050, le Gouvernement n’a pas satisfait à la réserve formulée par la commission d’enquête tendant à ce que ces travaux soient programmés à un horizon suffisamment rapproché. Ainsi, l’adoption immédiate du décret porte une atteinte très importante aux droits des propriétaires des terrains dont la déclaration d’utilité publique autorise l’expropriation dans un délai de quinze ans ». Une évidence ! Condamner immédiatement de nombreuses surfaces agricoles pour un hypothétique projet à 15 ou 20 ans est proprement ahurissant…
A présent que faut-il faire ? Prendre acte que ce projet est mort, arrêter la gabegie et récupérer les sommes qui peuvent l’être, et immédiatement agir avec détermination pour la ligne POLLT.  L’avenir  pour Limoges et pour le limousin impose de revenir rapidement à des conditions satisfaisantes de dessertes ferroviaires entre Paris et Toulouse via Limoges.

Il est proprement insupportable qu’aujourd’hui la SNCF en soit réduite à n’avoir, à certaines périodes, à proposer aux usagers habituels de la ligne que des trajets de 4h00 et plus entre Paris et Limoges quand on sait qu’il y a quelques décennies, avec le Capitole, la liaison Limoges-Paris se faisait en 2h50 et sans retards ! Voilà  où nous a mené la priorité aveugle au barreau LGV. Un véritable fiasco selon l’expression percutante de mes camarades L. Pache, P. Rome, Ch. Audoin, et S. Lajaumont, anciens conseillers régionaux du Limousin. 125 millions d’€ déversés en pure perte pour ce projet non financé ! Voilà qui a cruellement fait défaut à la ligne historique; et la fuite en avant n’apporterait aucune solution à cette situation.

Au point où on en est aujourd’hui, la seule solution sérieuse, un tant soit peu réaliste et conforme à l’intérêt général est de se mobiliser pour la ligne POLT et pour la réouverture du Bordeaux-Lyon. Voilà la position qu’il faudrait selon moi défendre le 3 mai devant le secrétaire d’État aux transports.

* Locution latine: L’erreur est humaine, l’entêtement dans l’erreur est diabolique

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