Lombertie, la politique et les ratés de la domination symbolique !

sexistesMorceaux choisis des réponses du Maire de Limoges, le Docteur Lombertie (chef de pôle hospitalier à l’hôpital de Limoges-Esquirol)  aux questions des élues de l’opposition :

« Quels que soient vos fantasmes, vos désirs ou votre sentiment de toute puissance… »  Conseil municipal du 29 septembre 2015

« Mais vos désirs sont des ordres et si vous vouliez bien me fouetter aussi, ce serait avec plaisir » Conseil municipal du 25 juin 2015

« Alors votre souci, votre amour du L.F., je le connais, je ne le remets pas en cause et je n’ai rien contre l’amour mais là ça devient du vice » « L’amour vous fait divaguer… » Conseil municipal du 19 novembre 2014

« Mais ça vous va bien la colère » « Je suis content que nous ayons des rapprochements » Conseil municipal du 30 septembre 2014

« Vous avez un ton charmant qui vous va si bien ». Conseil municipal du 8 juillet 2014

On pourra vérifier et compléter cette liste en visionnant les séances des conseils municipaux sur le site de la mairie de Limoges.

Le plus significatif et révélateur, c’est la première réaction de défense de Mr Lombertie : « Le problème avec les hommes et les femmes politiques c’est que ce sont des politiques » dit-il. Effectivement. Et si c’était bien là le cœur de l’affaire ? Mais alors se pose une autre question: en dehors de la sphère politique ce type de propos serait-il acceptable à l’endroit des femmes ?

Dans la sphère publique et politique, entre élu.e.s, il n’y a aucune relation hiérarchique, il n’y a qu’une relation de majorité à minorité, ce qui n’a rien à voir. Serait-ce cela alors le problème ? Nous, élues d’opposition, nous pouvons, on pourrait même dire que nous devons (pour respecter le mandat donné par nos électeurs) réagir librement, en conscience à ses décisions, et éventuellement les contester. Monsieur le Maire aurait-il une difficulté à accepter que des femmes (élues) puissent contester ses décisions et ne pas dire oui à tout ce qu’il fait ? Mais la démocratie n’est-ce pas précisément cela: la confrontation argumentée sur pied d’égalité ? Objectivement, lors des séances du Conseil municipal, nous sommes dans une relation de symétrie et d’égalité de droit à l’expression et à la parole avec n’importe quel autre élu, fut-il le Maire. Le fait qu’il ait une majorité ne saurait effacer cela. Manifestement c’est ici que le bât semble blesser. En séance du Conseil municipal, ce type de domination symbolique (par l’exercice de la parole) peut tomber à plat précisément par ce que c’est un lieu d’exercice a priori non hiérarchique de la parole. Qu’il le veuille ou non, Monsieur le Maire devra appendre qu’il ne pourra nous traiter autrement que correctement, sous peine de retours de bâton cinglants.

Mais poursuivons: serait-ce alors qu’ailleurs, dans la sphère domestique ou plus encore dans la sphère professionnelle, on pourrait, quand on est un homme investi d’une autorité hiérarchique se permettre ce type de propos vis à vis de subordonnées femmes ? « S’il fallait retenir une profession où le sexisme est patent, c’est sans nul doute la formation et l’exercice de la médecine », écrivait en 2011 dans un billet au titre évocateur – Le silence du sexisme– Patrick Pelloux.

Mais pourquoi en serait-il ainsi ? « Pourquoi la médecine est-elle un secteur où dominent encore de nombreux préjugés sexistes ? Il y a là, comme pour tous les métiers fortement ségrégués en fonction du sexe, des raisons historiques… Une tradition, véritable rituel d’initiation des étudiants en médecine qui dissèquent pour la première fois, est révélatrice d’un sexisme très fortement ancré dans la profession au XIXe. La «photo de groupe» des jeunes qui découvrent le métier s’effectue alors devant un cadavre, mais pas n’importe quel cadavre. Il s’agit le plus souvent d’un cadavre de femme, ou d’une prostituée à qui on demande de faire la morte. Cette scène est d’ailleurs devenue un «classique» de la photographie pornographique, selon Vincent Barras. Pour conjurer la mort, c’est la femme qu’on tue, ou qu’on domine, comme une démonstration de la puissance de vie masculine. » remarque la journaliste Aude Loriaux.  Pour Martin Winckler, médecin et auteur, ces pratiques sexistes dans le milieu médical « sont la manifestation d’un sentiment d’appartenance à une caste, propre aux médecins français, qui pendant très longtemps venaient des milieux les plus favorisés de la société française. La société française elle-même est très féodale et très hiérarchisée et les étudiants, comme les médecins, continuent de penser qu’ils font partie des classes supérieures et reproduisent ainsi les codes de l’aristocratie. C’est parce que les médecins français, formés dans cette société, sont élitistes que leur comportement par rapport au sexe ou au corps peut être paternaliste, brutal ou méprisant. ». Il  dit bien « peut » et non pas « doit ».

Et de conclure : « Toute la société française est concernée par ces problèmes, surtout lorsqu’il s’agit de professions d’autorité. Mais ce n’est pas parce que c’est la norme qu’il ne faut pas la changer. »

On est bien d’accord… Et le plus vite sera le mieux !

Ils ont parlé de notre conférence de presse :

 

(4 commentaires)

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    • Marie Labat on 5 octobre 2015 at 11 h 26 min
    • Répondre

    Brillant et instructif

    • Siméonin Anna on 6 octobre 2015 at 11 h 02 min
    • Répondre

    Vous avez vraiment du courage de supporter tant de bêtise, car je crains que malheureusement ce soit de ça doit il s’agisse. Le sexisme doublé de grossièreté est vraiment l’argument des faibles et coupe court à toute élévation du débat… pauvres de nous!

    1. Je suis tout à fait d’accord avec vous. Ses dérapages ont généralement lieu quand il est en difficulté pour répondre sur le fond, et donc agissent aussi comme un moyen de diversion pour se soustraire au débat démocratique.

    • marie on 13 octobre 2015 at 14 h 12 min
    • Répondre

    Je confirme, c’est du gros lourdingue. Et à mon avis ça cache un malaise important dans le rapport aux femmes.
    Ne vous laissez pas faire, on est plus au moyen âge !!!!!

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