Réapproprions-nous les médias !

Pour une réappropriation démocratique des médias

L’association ACRIMED lance avec des associations, des organisations de journalistes, des médias, des syndicats et des organisations politiques dont le Parti de Gauche une déclaration commune pour se « mobiliser pour une réappropriation démocratique des médias ». Cette déclaration, à diffuser et signer largement, est une première étape dans la construction d’une mobilisation et d’initiatives communes pour transformer les médias.

Depuis plusieurs semaines, le mouvement des gilets jaunes bouleverse l’agenda politique, et porte une remise en cause profonde des institutions. Les médias sont tout particulièrement visés. Les gilets jaunes dénoncent, à juste titre bien souvent, un traitement caricatural des mobilisations : surenchère sécuritaire sur les plateaux télévisés et dans certains quotidiens ; confiscation de la parole par les éditorialistes ; disqualification de certaines revendications jugées «irréalistes» et appels à «dialoguer» avec le gouvernement ; ou encore dénonciations des violences des manifestants – alors que les violences policières ont été pendant trop longtemps passées sous silence.

Une telle pédagogie de la résignation n’est certes pas nouvelle. Déjà lors des grèves de 1995, les tenanciers des grands médias martelaient leur sempiternel message : il n’y a pas d’alternative aux réformes libérales. En 2005, ils pointaient du doigt ceux qui mettaient en cause le bien-fondé des politiques européennes et déformaient la révolte des banlieues. Plus récemment, lors des mobilisations contre la loi El-Khomri et les ordonnances Macron, ils dénonçaient un code du travail soi-disant «trop épais et illisible». À l’occasion de chaque mobilisation sociale, ils se sont faits les gardiens de l’ordre économique et politique.

Ces partis pris ont contribué à disqualifier les grands médias. La défiance à leur égard est profonde et sans précédent. D’autres sources d’information sont plébiscitées, médias indépendants ou réseaux sociaux. Certaines des analyses portées depuis des décennies par la critique des médias sont réinvesties largement, au-delà du mouvement des gilets jaunes. L’emprise de quelques milliardaires sur la production de l’information est pointée du doigt. La question des médias s’impose désormais comme une question politique.

La plupart des éditorialistes et chefs de rédaction ne voient, dans cette défiance, qu’une «haine des médias» et de la démocratie. Ils éludent la responsabilité qu’ils portent, par leurs diatribes ou leurs choix éditoriaux, dans l’hostilité qui s’exprime contre l’ensemble des journalistes. Une hostilité dont les plus précaires (en termes de statut ou de conditions de travail) font parfois les frais, sur le terrain, en étant injustement pris à partie ou agressés.

Nous pensons que la défiance envers les grands médias doit être une opportunité. Opportunité, dans les rédactions, de remettre en cause les orientations délétères imposées par les directions éditoriales, et de replacer le reportage et l’enquête au cœur du travail journalistique. Opportunité, dans les médias indépendants, de faire la démonstration par l’exemple qu’un autre journalisme, plus exigeant et plus libre vis-à-vis des pouvoirs, est possible.

Que nous soyons gilets jaunes, militant·es, journalistes, usager·es des médias, nous avons toutes et tous des raisons légitimes de contester un ordre médiatique inique, qui maltraite le pluralisme. Et de nous inquiéter des menaces réelles qui pèsent sur le droit à l’information : la mainmise de quelques milliardaires sur la plupart des médias, les plans de suppressions d’emploi dans l’audiovisuel public comme dans les groupes privés, la précarisation des journalistes statutaires ou pigistes y compris dans certains médias indépendants, la répression policière et la criminalisation qui frappent de plein fouet certains reporters et leurs sources, ou encore les lois liberticides qui visent à contrôler l’information – loi sur le secret des affaires et sur les «fake news».

C’est pourquoi nous affirmons qu’il est temps de se mobiliser pour une réappropriation démocratique des médias. Pour défendre le droit d’informer et le droit à être informé, tous deux gravement menacés. Et pour que l’information, trop longtemps confisquée par les pouvoirs, devienne enfin un bien commun et non une marchandise.

Cette déclaration est une initiative commune :

• D’associations, d’organisations de journalistes et de syndicats : Acrimed, Attac, Fédération Nationale de l’Audiovisuel Participatif, La Quadrature du net, Les Amis du Monde diplomatique, Profession : Pigiste, Résistance à l’agression publicitaire, Ritimo, SNJ-CGT, Union syndicale Solidaires.

• De médias : Contretemps-web, CQFD, Démosphère Ariège, Démosphère Toulouse, Hors-Série, Jef Klak, L’Alterpresse68, Là-bas si j’y suis, La Clé des ondes, La Gazette de Gouzy, Le journal minimal, L’Insatiable, Le Média, Le Ravi, MAP 36, MédiaCitoyens PACA et Rhône-Alpes, Mediacoop, Radio Parleur, revue Cause commune, Ricochets, Rosalux, Silence, Transrural initiatives, TV Bruits, Télé Mouche, TVnet Citoyenne.

• D’organisations politiques : Parti de Gauche, Ensemble, NPA, PCF.

Premiers signataires : Alain Accardo, sociologue; Gilles Balbastre, réalisateur; Patrick Champagne, sociologue; Sophie Chapelle, journaliste; Colloghan, dessinateur; Benoît Collombat, journaliste; Jean-Baptiste Comby, sociologue; Annie Ernaux, écrivaine; Benjamin Ferron, sociologue; Anne-Sophie Jacques, journaliste; Yannick Kergoat, réalisateur; Henri Maler, universitaire; Philippe Merlant, journaliste et conférencier gesticulant; Pierre Morel, photojournaliste; Gérard Noiriel, historien; Michel Pinçon, sociologue; Monique Pinçon-Charlot, sociologue; Denis Robert, journaliste; Karim Souanef, sociologue; Usul, vidéaste.

Vous pouvez signer la déclaration sur le site d’Acrimed : https://www.acrimed.org/Reapproprions-nous-les-medias

Halte à la multiplication des actes antisémites

Rassemblement ce soir à 19h Place d’Aine 

A l’appel de la Licra et du Mrap 87,

et de 20 organisations

dont le Parti de Gauche 87 et

La France Insoumise

 

 

Je ne peux m’empêcher de rappeler ici que lors du Conseil Municipal du 30 septembre 2014, le Maire de Limoges a pris la responsabilité d’attribuer au FN, devenu depuis RN, la présidence du groupe de travail créé par la majorité municipale pour revoir le dispositif des subventions aux associations de la ville.  Décision que nous, élu.e.s du groupe Limoges Terre de Gauche, avons combattue très fermement et continuons de combattre.

Et pour celles et ceux qui s’interrogent sur ce que sont le sionisme et l’anti-sionisme, ces paroles juives contre le racisme éclairent utilement la question.

Une cabane citoyenne sur un terrain municipal ? « Pas question » dit le Maire de Limoges

Fin de non recevoir du Maire de Limoges à la cabane des Gilets Jaunes aux Casseaux

Hier soir, lors du Conseil municipal, j’ai posé au nom du groupe Limoges Terre de Gauche,  la question suivante au Maire de Limoges:

« La presse locale a fait état de l’installation samedi par les Gilets Jaunes d’une cabane sur le parking des Casseaux, au niveau du Mac Do, sur un terrain municipal. Il s’agit d’en faire un lieu de réunion et d’information citoyenne, pour recréer du lien social et non pas un lieu de blocage. Vous avez Monsieur le Maire, lors du conseil du 29 novembre dernier, déclaré soutenir les revendications des Gilets Jaunes. Et de fait vous avez reçu des Gilets Jaunes en mairie. Dans le cadre du grand débat présidentiel, vous avez mis le 9 février dernier une salle à disposition du mouvement. Nous ne doutons pas que vous aurez à cœur de poursuivre dans la voie de l’ouverture au débat démocratique avec la cabane des Casseaux. Pouvez-vous nous le confirmer ce soir ?« 

Réponse : « En ce qui concerne le fait de monter une cabane sur le domaine public, il n’en est pas question. Et je précise que travaillant, ayant des logements, ils sont libres de s’inviter les uns les autres, pour discuter et discourir s’ils veulent se rencontrer chaleureusement. C’est ce que font les gens dans la société. » (revoir la séance ici: http://richpublisher.endirectv.com/window.php?OPE_ID=2961&TFE_TYPE=DIFF)

Pourquoi provoquer ainsi ? Pourquoi une telle stratégie de la tension alors que ces Gilets jaunes sont manifestement pacifistes, dans le dialogue et l’échange ?

« A partir du moment où ils respectent les lois de la République, ils sont audibles et respectables » a répondu aussi  Monsieur le Maire à ma question. Mais précisément, Monsieur le Maire,  il ne tient qu’à vous pour que tout se passe dans les règles, puisque la cabane est installée sur un espace commun, en un lieu où elle ne met en danger personne. D’ailleurs cet hiver, un cirque a séjourné quelques temps sur le site sans que ça ne pose problème. Et entre nous: M. le Maire, on vous a connu bien moins soucieux  du strict respect des règlements. C’est bien hier soir aussi, que vous avez communiqué au Conseil municipal le Rapport de la Ville sur la situation en matière d’égalité femmes/hommes ?  Pas très réglementaire ! La loi vous imposait en effet de le présenter au conseil du mois de décembre, préalablement aux débats sur  le projet de budget 2019.  Et vous le savez fort bien puisque je vous avais alors interpelé à ce sujet.

Et quoi, le respect des lois et règlements c’est: « Oui quand ça m’arrange, et non quand ça me dérange » ? Pas vraiment républicain tout ça… Décidément la roue tourne. Il est loin le début du mandat, quand E-R Lombertie nouvellement élu maire de Limoges déclarait: « Notre volonté est d’administrer Limoges au plus près de ses habitants. Aussi la concertation et la transparence seront au cœur de notre action » (Vivre à Limoges, n° 90, Mai-Juin 2014)

Gilets Jaunes: tous criminels ?

Les Gilets Jaunes, sont-ils tous criminels  ? En tout cas ils sont traités comme des ennemis de la République.

Interpellés, arrêtés en masse, bien souvent sans motifs, certains attendent leur procès, plusieurs sont passés en comparution immédiate et ont vu leur vie basculer pour être aller dans la rue défendre leur droit. D’autres ont été blessés, mutilés à vie, ils sont tombés dans la rue, sous les coups des matraques, grenades et flashball. Alors que l’Assemblée vient de donner son accord pour interdire administrativement de manifester, alors qu’Emmanuel Macron nie tout blessé, et même tout décès commis sous son régime, et que Christophe Castaner, traite nos concitoyens qui manifestent en criminels, les gilets jaunes, eux, gardent la tête haute, restent dignes, humbles, et forts face à une violence hors norme qui leur ait infligé depuis plus de deux mois.

L’émission de Le Média: Gilets Jaunes, tous criminels ?

Exigeons l’amnistie pour les Gilets jaunes ! Signez la pétition

Grand débat: une mascarade qui permet au Président Macron de faire une campagne aux frais de l’État…

Le témoignage instructif de René Révol, Maire de Grabels (Hérault).

Il avait fait le déplacement de Souillac pour interpeler le Président de la République et relayer les revendications des Gilets Jaunes et de toutes celles et ceux qui aujourd’hui sont mobilisés pour défendre les services publics, la démocratie, la participation citoyenne,… Une véritable mascarade,… où il n’a pas été possible de faire entendre la voix du peuple…

Une dernière bière avant l’effondrement…

Belle rencontre entre Pablo Servigne et François Ruffin !

« P. S. : Le 1er déclic: un principe du vivant c’est que ce sont les plus coopératifs  qui survivent, pas forcément les plus forts.
Le 2ème déclic:  dans le monde vivant, l’entraide est partout. Et il y a plein de manières de s’entraider.             Le 3ème déclic: l’entraide émerge dans les milieux hostiles. Dans le monde vivant, en milieu hostile, celui qui meure le premier est celui qui se la joue égoïste; celui qui survit, c’est le plus coopératif.…

F. R. : Le problème que je vois dans ton bouquin, c’est qu’à  un moment, tu as comme une élimination du politique, en particulier de la lutte des classes…

P. S. : Tout à fait d’accord… La question suivante,  la plus importante, c’est la politique de l’effondrement. Le rationnement, c’est un des piliers d’une politique de l’effondrement. Le rationnement, c’est limiter les ultra-riches et donner le minimum aux pauvres; ça crée un sentiment d’équité dans un contexte de limitation; c’est extrêmement bénéfique… Je pense que c’est une voie à creuser »

Ça risque « piquer » un peu ça: par exemple, rationner tout le monde en carburant (les ultra-riches comme les pauvres ) plutôt que taxer ? La taxation est pourtant réputée très « écolo »: elle exonère le kérosène, saigne les plus modestes -souvent sans alternative à la voiture- tout en permettant à ceux qui ont de très gros moyens, de continuer une prédation environnementale sans limite…

Édition spéciale Gilets Jaunes

Paroles de GJ, au  Média,  dans une édition spéciale de très haute tenue…

Manon Aubry, tête de liste FI: Pour répondre aux urgences de l’injustice fiscale, aux urgences climatiques

Coup de neuf et grand bol d’oxygène à la FI: Manon Aubry, 29 ans, porte-parole durant ces quatre dernières années d’une ONG de lutte contre l’évasion fiscale et les inégalités est tête de liste aux élections européennes !

« Dans le prolongement de mon engagement de ces dernières années, le premier combat que je souhaite mener est celui de la lutte contre l’évasion fiscale. Après la succession de scandales d’évasion fiscale en Europe, qu’a fait l’Union européenne ? Une liste de paradis fiscaux sur laquelle il ne reste que 5 États dont aucun paradis fiscal notoire et surtout aucun pays européen comme l’Irlande ou le Luxembourg. Il est temps d’avoir une action forte à l’encontre des paradis fiscaux et de faire de la justice fiscale une des priorités de l’UE ! » dit-elle pour se présenter.

Justice sociale, justice climatique: c’est un changement de cap qu’il faut imposer !

Pour Limoges rendez-vous à la mairie 11h00 ce samedi 8 décembre

Tribune publiée dans le journal Libération

A l’initiative d’Attac et de la Fondation Copernic, syndicalistes, responsables associatifs et politiques, chercheur·es, universitaires ou artistes appellent à manifester pacifiquement dans la rue massivement le 8 décembre, journée de mobilisation internationale pour la justice climatique, en convergence avec la quatrième journée de mobilisation des gilets jaunes.

Tribune. Le mouvement des gilets jaunes met dans le débat public l’ensemble de la politique sociale du gouvernement. Plus largement ce sont les politiques néolibérales mises en œuvre par les gouvernements successifs depuis des décennies qui sont en cause. Fins de mois de plus en plus difficiles, précarisation toujours accrue du travail, injustice fiscale, logements chers, conditions de vie qui se détériorent, telle est la situation subie par la majorité de la population. Ce qui touche en particulier les femmes, très nombreuses à se mobiliser dans ce mouvement. Dans le même temps, l’évasion fiscale n’a jamais été aussi importante et les plus riches se sont vu offrir de multiples allègements d’impôts : suppression de l’ISF, flat tax de 30 % pour les revenus du capital qui ne sont plus soumis à l’impôt progressif, baisse de l’impôt sur les sociétés… Dans ces conditions, l’augmentation des taxes sur les carburants est apparue comme «la goutte d’eau qui a fait déborder le vase».

En dépit d’une tentative de mainmise de l’extrême droite sur le mouvement, celui-ci se caractérise par son auto-organisation horizontale et pose l’exigence d’une démocratie réelle contre une présidence autoritaire et méprisante. A l’heure où se déroule la COP 24 en Pologne et où la lutte contre le réchauffement climatique est urgente, ce mouvement met également en évidence le lien entre la question sociale et les impératifs écologiques : les plus grands pollueurs sont exonérés de tout effort, les principales causes du réchauffement climatique ne sont pas traitées, la casse des services publics et des commerces de proximité et l’étalement urbain se poursuivent, les alternatives en matière de transport en commun ne sont pas développées. Le modèle du logement social en France est en mis en péril par sa marchandisation au profit des grands groupes privés. Dans ces conditions, ce n’est certainement pas aux classes moyennes et populaires de payer la transition écologique.

La politique du gouvernement ne répond ni à la colère sociale ni aux impératifs écologiques. Le gouvernement laisse les multinationales et les lobbys productivistes n’en faire qu’à leur tête en privilégiant toujours plus leur intérêt propre et celui de leurs actionnaires au détriment du plus grand nombre et de l’avenir de la planète. Pendant des jours, le gouvernement a campé sur une posture intransigeante, refusant le moindre geste et clamant qu’il maintenait le cap et ce, malgré le fait qu’une énorme majorité de la population soutenait ce mouvement. Cette attitude a entraîné une exaspération croissante qui a conduit à des actes de violence dont le gouvernement pouvait espérer tirer parti. Cela n’a pas été le cas et le soutien de la population est resté massif.

Le gouvernement vient d’annoncer, entre autres, le gel, puis l’annulation de l’augmentation des taxes sur les carburants. C’est un premier recul mais c’est trop peu, trop tard, car c’est de toute la politique sociale et de ses conséquences économiques et écologiques qu’il faut discuter. Alors même que la jeunesse a décidé de se mettre en mouvement pour contester les choix éducatifs du pouvoir, c’est un changement de cap qu’il faut imposer. Pour commencer, il faut répondre aux revendications syndicales en augmentant le smic et en revenant sur le plafonnement de l’augmentation des retraites à 0,3 %, rétablir l’ISF et taxer les multinationales, dont Total, les Gafa et les banques qui financent les énergies fossiles pour investir massivement dans l’isolation thermique des bâtiments et les énergies renouvelables.

C’est pourquoi, les soussigné·es, syndicalistes, responsables associatifs et politiques, chercheur·es, universitaires, artistes, etc., soutiennent les revendications de justice fiscale et sociale portées par le mouvement des gilets jaunes. Ils appellent la population à se mobiliser pour imposer une politique qui permette de mieux vivre, et à manifester pacifiquement dans la rue massivement le 8 décembre, journée de mobilisation internationale pour la justice climatique, en convergence avec la quatrième journée de mobilisation des gilets jaunes.

Les signataires …

Christophe Aguiton, membre d’Attac ; Verveine Angeli, Solidaires ; Cathy Apourceau-Poly, sénatrice PCF, Pas-de-Calais ; Eliane Assassi, sénatrice, présidente du groupe CRCE ; Antoine Atthalin, militant altermondialiste ; Didier Aubé, Solidaires ; Clémentine Autain, députée LFI ; Geneviève Azam, économiste, ancienne porte-parole d’Attac ; Emmanuel Aze, porte-parole Confédération paysanne 47 ; Albena Azmanova, University of Kent, Brussels ; Marinette Bache, conseillère de Paris, présidente de Résistance sociale ; Daniel Bachet, sociologue ; Marie-Hélène Bacqué, professeure en études urbaines, Université Paris-Nanterre; Sebastien Bailleul, délégué général du Crid ; Jacqueline Balsan, présidente du MNCP ; Louis-Marie Barnier, sociologue du travail, conseil scientifique d’Attac ; Francine Bavay, écologie sociale ; Emmanuelle Becker, conseillère de Paris PCF ; Esther Benbassa, sénatrice de Paris EE-LV ; Nicolas Béniès, économiste ; Ugo Bernalicis, député LFI ; Sophie Béroud, politiste ; Eric Berr, économiste atterré ; Jacques Berthelot, économiste ; Olivier Besancenot, porte-parole du NPA ; Eric Beynel, co-délégué général Solidaires ; Jacques Bidet, philosophe ; Martine Billard, ancienne députée écologiste, oratrice nationale LFI ; Philippe Blanchet, universitaire, Rennes; Catherine Bloch-London, sociologue; Eric Bocquet, sénateur du Nord, PCF; Frédéric Bodin, Solidaires; Julien Boeldieu, syndicaliste CGT; Jérôme Bonnard, Solidaires; Claire Bornais, syndicaliste FSU; Hadrien Bortot, membre du Conseil National du PCF; Nicole Borvo Cohen-Séat, sénatrice honoraire; Paul Bouffartigue, directeur de recherche, CNRS; Edith Boulanger porte-parole du Mouvement de la Paix; Ali Boulayoune, sociologue; Philippe Boursier, professeur de SES, membre de la Fondation Copernic; Omar Brixi, médecin et enseignant en santé publique; Ian Brossat, adjoint de Paris, PCF; Céline Brulin, sénatrice de seine maritime, PCF; Alain Bruneel, député du Nord, PCF; Mireille Bruyère, économiste atterrée; Marie-George Buffet, députée de Seine-Saint-Denis, PCF ; Laurent Cadreils, syndicaliste FSU; Claude Calame, historien, conseil scientifique d’Attac; Sílvia Capanema, conseillère départementale vice-présidente de Seine-Saint-Denis, historienne; Jean-Claude Chailley, secrétaire général de Résistance Sociale; Patrick Chamoiseau, écrivain; Vincent Charbonnier, syndicaliste SNESUP-FSU; Léo Charles, économiste; André Chassaigne, député Puy de Dôme, président du groupe GDR ; Pascal Cherki, conseiller de Paris, Génération·s; Stéphanie Chevrier, éditrice; Patrick Cingolani, sociologue; Laurence de Cock, historienne, Fondation Copernic; Laurence Cohen, sénatrice Val de Marne, PCF; Patrice Cohen-Séat, président honoraire d’Espaces-Marx; Pierre-Yves Collombat, sénateur du Var; Maxime Combes, membre d’Attac; Eric Coquerel, député LFI et co-coordinateur du PG; Alexis Corbière, député LFI; Sergio Coronado, militant écologiste ; Jacques Cossart, économiste; Eric Coquerel, député LFI et co-coordinateur du PG; Alain Couderc, militant AC!; Annick Coupé, secrétaire générale d’Attac; Pierre Cours-Salies, sociologue; Thomas Coutrot, économiste, ancien porte-parole d’Attac; Robert Crémieux, revue partage; Alexis Cukier, philosophe, université de Poitiers; Cécile Cukierman, sénatrice de la Loire, PCF; Alain Damasio, écrivain; Christian De Montlibert, sociologue; Christian Delarue, fonctionnaire d’État, syndicaliste CGT; Christine Delphy, sociologue; Pierre Dhareville, député des Bouche du Rhône, PCF; Cyril Dion, auteur, réalisateur; Emmanuel Dockes, professeur de droit; Jean-Michel Drevon, institut de recherche de la FSU; Clémence Dubois – porte-parole de 350.org France; Vincent Dubois, professeur de science politique, université de Strasbourg; François Dubreuil, EELV, Unis pour le climat; Olivier Dubuquoy, géographe, militant écologiste; Jean-Paul Dufregne, député de l’Allier, PCF ; Cédric Durand, économiste; Simon Duteil, Solidaires; Stéphane Enjalran, Solidaires; Jean Baptiste Eyraud, porte parole du DAL; Colin Falconer, militant d’Ensemble ; Patrick Farbiaz, écologie sociale; Didier Fassin, professeur de sciences sociales, Institut d’étude avancée, Princeton; Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine, PCF; Sélyne Ferrero, militante féministe; Caroline Fiat, députée LFI; Gérard Filoche, membre de la Gauche Démocratique ; Sociale; David Flacher, économiste, porte-parole du Mouvement Utopia; Fabrice Flipo, membre conseil scientifique d’Attac; Fanny Gaillanne, conseillère de Paris; Nicolas Galepides, secrétaire général Sud PTT; Yves-Jean Gallas, Mouvement de la Paix; Jean-Louis Galmiche, Solidaires; Isabelle Garo, enseignante; Pascal Gassiot, activiste; Alain Gaulon, universitaire, président de la fédération CNL du Val-de-Marne; Fabien Gay, sénateur de la Seine-Saint-Denis, PCF; Vincent Gay, syndicaliste Snesup-FSu; Bertrand Geay, sociologue ; Didier Gelot, économiste, Fondation Copernic ; Frédérick Genevée, historien; Susan George, présidente d’honneur d’Attac; Karl Ghazi, syndicaliste CGT ; Vanessa Ghiati, conseillère régionale IDF, PCF – Front de Gauche; Jérome Gleizes, enseignant université Paris-XIII, EELV; Cécile Gondard-Lalanne, co-déléguée général Solidaires; Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère, EELV; Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle ; Michelle Greaume, sénatrice du Nord, PCF; Murielle Guilbert, Solidaires; Victoire Guillonneau – chargée d’organisation à 350.org France ; Janette Habel, politologue, coprésidente de la Fondation Copernic; Nicolas Haeringer, chargé de campagne 350.org; Jean-Marie Harribey, co-président du conseil scientifique d’Attac et économiste atterré; Marie Haye, syndicaliste FSU; Ingrid Hayes, historienne; Odile Henry, sociologue; Anne Hessel, Nouvelle Donne; Hervé Heurtebize, syndicaliste FSU; Pamela Hocini, animatrice Espace des Luttes LFI; Robert Injey, membre du conseil national du PCF; Lucien Jallamion, République et Socialisme; Kévin Jean, président de Sciences Citoyennes; Fanny Jedlicki, sociologue; Esther Jeffers, économiste, co-présidente du conseil scientifique d’Attac ; Florence Johsua, politiste, Université Paris-Nanterre, membre de la Fondation Copernic; Anne Jollet, historienne, maîtresse de conférences à l’université de Poitiers; Isaac Joshua, économiste membre du conseil scientifique d’Attac et de la Fondation Copernic ; Samy Joshua, universitaire; Marianne Journiac, République et Socialisme; Sébastien Jumel, député de Seine-Maritime, PCF; Philippe Juraver, orateur national LFI, co-coordinateur Espace des Luttes LFI; Emma Justum, DIEM25; Fadi Kassem, pour le PRCF; Pierre Khalfa, économiste, Fondation Copernic; Michel Kokoreff, sociologue; Isabelle Krzywkowski, universitaire; L’1consolable, chanteur; Bastien Lachaud, député LFI; Marie Lacoste, secrétaire du MNCP; Bernard Lacroix, politiste; Romain Ladent, militant associatif; Jean Lafont, mouvement écolo; Rose-Marie Lagrave, sociologue; Elie Lambert, Solidaires; Sandra Laugier, professeure de philosophie, Paris 1, Institut Universitaire de France; Pierre Laurent, sénateur de Paris, PCF; Michel Larive, député LFI ; Mathilde Larrère, historienne, membre de la Fondation Copernic; Pierre Laurent, sénateur PCF; Hervé Le Crosnier, éditeur; Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, député européen, PCF- GUE; Yann Le Lann, président d’Espaces Marx; Serge Le Quéau, membre du conseil scientifique d’Attac, membre de l’Union syndicale des Côtes d’Armor; Catherine Leclercq, sociologue; Jean-Paul Lecoq, député de Seine-Maritime, PCF; Clément Lefevre, syndicaliste FSU; Remi Lefebvre, politiste ; Sarah Legrain, secrétaire nationale du PG et membre de la Fondation Copernic; Arnaud Lelache, co-président Nouvelle Donne; Paul Lemonnier, FSU; Elliot Lepers, directeur de l’ONG le mouvement; Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris; Daniel Linhart, sociologue; Pierre Lucot, membre du bureau national du mouvement Utopia ; Frédéric Lordon, économiste; Elise Lowy, sociologue, mouvement écolo ; Nicole Lozano, co-présidente Nouvelle Donne; Laurence Lyonnais, Ensemble Insoumis, candidate sur la liste Europe Insoumise; Pascal Maillard, syndicaliste FSU; Jean Malifaud, syndicaliste SNESUP-FSU; Jean-Claude Mamet, Ensemble!; Marc Mangenot, économiste, responsable associatif; Sophia Mappa, professeure honoraire, psychanalyste et consultante internationale; Jean-Christophe Marcel, sociologue; Myriam Martin, Ensemble, élue régionale LFI; Gaëlle Martinez, Solidaires ; Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT; Christiane Marty, féministe, chercheuse; Gustave Massiah, membre du conseil scientifique d’Attac; Sonia Masson, comédienne; Jean-Luc Mélenchon, député LFI ; Marilza de Melo Foucher, économiste et journaliste; Georges Menahem, membre du conseil scientifique d’Attac ; Roland Mérieux, Ensemble!; Julian Mischi, sociologue; Claire Monod, coordinatrice nationale Génération.s; Bénédicte Monville, conseillère régionale Ile-de-France; Corinne Morel-Darleux, militante écosocialiste, conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes; Frank Mouly, membre de la direction du PCF; Émilie Moutsis, artiste plasticienne; Erik Neveu, politiste; Evelyne Ngo, Solidaires; Roland Nivet, porte-parole du Mouvement de la Paix; Gérard Noiriel, historien; Alain Obadia, président de la fondation Gabriel Péri; Danièle Obono, députée LFI ; Pierre Ouzoulias, sénateur des Hauts-de-Seine, PCF; Ugo Palheta, sociologue et maître de conférences à l’université de Lille; Guillaume Pastureau, membre du conseil scientifique d’Attac; Mathilde Panot, députée LFI ; Sébastien Peigney, Solidaires ; Willy Pelletier, sociologue, membre de la Fondation Copernic; Jean-François Pellissier, porte-parole d’Ensemble!; Stephane Peu, député de la Seine-Saint-Denis, PCF; Guillaume Pigeard de Gurbert, professeur de philosophie; Michel Pinçon, sociologue; Monique Pinçon-Charlot, sociologue; Carl Pivet, militant AC!; Dominique Plihon, porte-parole d’Attac; Emmanuel Poilane, président du CRID; Matthieu Ponchel, collectif Climat Social; Jean-François Ponsot, économiste atterré, professeur à l’université de Grenoble; Véronique Ponvert, syndicaliste FSU ; Thomas Porcher, économiste ; Véronique Poulain, Solidaires; Christine Poupin, porte-parole du NPA; Philippe Poutou, porte-parole du NPA; Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac ; Loïc Prud’homme, député LFI; Christine Prunaud, sénatrice Côtes-d’Armor, PCF; Romain Pudal, sociologue; Serge Quadruppani, écrivain; Adrien Quatennens, député LFI; Guillaume Quintin, animateur Espace des Luttes LFI; Josep Rafanell i Orra, psychologue et psychothérapeute; Christophe Ramaux, économiste; Jean-Hugues Ratenon, député LFI; Philippe Reig, République et Socialisme ; Emmanuel Renault, enseignant de philosophie, Université Paris Nanterre; Muriel Ressiguier, députée LFI ; Jacques Rigaudiat, économiste; Michelle Riot-Sarcey, historienne; Jean Rochard, producteur de musique ; Daniel Rome, enseignant, militant altermondialiste; Roberto Romero, Responsable National du secteur international de Génération.s; Cécile Ropiteaux, syndicaliste FSU; Sabine Rosset, directrice de BLOOM; Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord; Sabine Rubin, député LFI; François Ruffin, député LFI; Jean-Michel Ruiz, conseiller régional IDF, PCF – Front de Gauche; Gilles Sabatier, membre d’Attac; Jean-Claude Salomon, membre du conseil scientifique d’Attac; Catherine Samary, économiste altermondialiste; Diogo Sardinha, philosophe, ancien président du Collège international de philosophie; Pascal Savoldelli, sénateur du Val-de-Marne, PCF; Luc Schaffauser, syndicaliste CGT, République et Socialisme; Jean-Christophe Sellin, secrétaire national du PG et conseiller régional Occitanie ; Nicolas Sembel, sociologue; Guillaume Sibertin-Blanc, professeur des universités, Paris 8; Denis Sieffert, Politis; Corine Siergé, APEIS; Cécile Sihouette, Ensemble!; Johanna Silva, membre du collectif La Fête à Macron; Patrick Simon, démographe; Danielle Simonnet, co-coordinatrice du PG et conseillère de Paris; Yves Sintomer, membre du conseil scientifique d’Attac; Francis Sitel, Ensemble!; Philippe Sultan, membre de la Fondation Copernic; Bénédicte Taurine, députée LFI; Jacques Testart, directeur honoraire de recherches à l’Inserm; Michel Thomas, professeur honoraire de médecine interne; Eric Thouzeau, conseiller régional de la Gauche démocratique et sociale (GDS); Michel Thomas, professeur honoraire de médecine interne; Jean Tosti, professeur de lettres; Eric Toussaint, historien, politologue, porte-parole international du CADTM; Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac; Christophe Ventura, rédacteur en chef de Mémoire des luttes et chercheur en relations internationales; Victor Vauquois, Partager c’est sympa; Marie-Pierre Vieu, députée européenne PCF, Gauche Unie Européenne; Philippe Villechalane, APEIS; Emmanuel Vire, secrétaire général du SNJ-CGT; Christophe Voillot, syndicaliste Snesup-FSU; Louis Weber, syndicaliste, éditeur; Hubert Wulfranc, député de la Seine-Maritime; Youlie Yamamoto, membre du collectif La Fête à Macron; Sophie Zafari, syndicaliste, FSU; Laurent Zappi, syndicaliste, FSU; Malika Zediri, militante.

Lettre ouverte sur les violences policières du samedi 1er décembre – Limoges

« J’écris cette lettre pour témoigner des faits datant du samedi 1er décembre qui n’ont pas été relayés par les médias à la hauteur de leur importance. Ce soir-là un seuil de violence policière a été franchi à Limoges, ville où les manifestations se déroulent généralement dans le calme. »

Témoignage d’une participante publié sur le site La Bogue : https://labogue.info/spip.php?article317 le 04/12/2018 

Nous sommes le matin de ce samedi 1er décembre, je prends part à la manifestation organisée par la CGT pour la défense des droits des travailleurs précaires et des chômeurs, tout se déroule dans le calme. Arrive l’après-midi, je rejoins en centre-ville l’appel à manifester des gilets jaunes. C’est pertinent pour moi de participer aux deux manifestations, ça permet de faire du lien entre les causes. Je ne porte pas de gilet jaune, je n’ai pas de voiture donc de toute façon je n’en ai pas. Le cortège marche jusqu’au tribunal où est organisée une parodie d’un procès du président actuel.

Peu convaincue par cet exercice, une partie des participants propose de partir au commissariat afin de demander la libération de quatre gilets jaunes arrêtés le matin même lors d’actions sur l’autoroute. On se regroupe devant l’entrée du commissariat. Il y a des prises de paroles au micro, de la musique, des chants et des danses. Des policiers en civil se mêlent au nombre des manifestants, ils portent des gilets jaunes et font semblant de participer à la manifestation. Un peu après le passage des motards et quelques départs dus à la pluie, quelqu’un prend le micro et propose d’aller devant l’entrée du parking parce qu’aucune communication n’a encore pu être établie avec les forces de l’ordre présentes à l’entrée.

En arrivant devant l’entrée du parking, surprise ! Derrière les grilles, une vingtaine de policiers avec casques et boucliers sont déjà en position. On reste alors derrière la barrière automatique, à 25 mètres des grilles du commissariat qui mesurent bien 3 mètres de haut. Deux gilets jaunes, qui nous serviront dorénavant d’intermédiaires, vont à la rencontre des forces de l’ordre pour entamer une discussion avec eux. Il en ressort un contrat : si on s’éloigne vers le parc pendant un quart d’heure, ils font sortir les gilets jaune. On y croit moyennement mais on recule, on traverse la rue et on s’assoit sur la clôture du parc pour attendre, en discutant tranquillement. On se situe maintenant à environ 60 mètres des policiers.

Au bout d’un quart d’heure, un gilet jaune sort. On applaudit et on va à sa rencontre, pour lui parler et savoir comment il va. Puis, on retourne près de la clôture pour attendre la libération des suivants. Au fil de l’après-midi, des manifestants sont partis, on n’est plus qu’une trentaine à attendre. On discute, on partage des biscuits à la fraise. Une personne en état d’ébriété traverse la rue, elle ne fait pas partie de notre mouvement mais comme nous venons d’établir une distance symbolique à respecter, deux d’entre nous la rattrapent et la ramènent gentiment du côté du parc. Un quart d’heure plus tard, un deuxième gilet jaune sort du commissariat. On va à sa rencontre, sur le trottoir de l’autre côté de la rue. On est à 50 mètres des grilles derrières lesquelles les forces de l’ordre sont toujours en position.

Brusquement, par l’intermédiaire de M., un des deux intermédiaires, le commissaire nous adresse un message ou plutôt une menace : « Maintenant vous dégagez ou on vous dégage. ». Rapidement, des discussions s’engagent parmi les manifestants présents pour savoir comment réagir. S’assoir et lever les mains pacifiquement ? Ne pas bouger, rester groupé ? Moins de deux minutes plus tard, avant même qu’on ait pu prendre une décision commune, une bonne douzaine d’hommes habillés en noir nous attaquent : rangers, gilets de protections et cagoules, une matraque dans une main, une bombe lacrymogène dans l’autre. Une belle démonstration de tendresse.

M. se positionne entre les deux groupes, mains en l’air pour signifier notre absence de violence et calmer les tensions. Mais ils ne sont pas sortis pour discuter. Plusieurs d’entre eux le poursuivent jusque dans le parc Victor Thuillat et une fois mis à terre, ils le rouent de coups de matraques jusqu’à ce l’un dise « C’est bon, on l’a assez tabassé. ».

Moi, je suis sur le trottoir avec un ami, à 50 mètres des grilles. On est aux premières loges. On n’a pas le temps de comprendre la situation qu’on est déjà attaqués. Ils nous gazent, mon ami tombe au sol, étendu sur le dos, les points vitaux exposés. Il semble inconscient, j’essaie de le traîner par le col du manteau pour nous éloigner mais je n’y arrive pas. Un policier, debout au-dessus de moi, continue à nous vider du gaz sur la tête et à me donner des grands coups de matraque sur le dos et sur le crâne. Je n’ai rien pour me protéger le visage, je n’arrive plus à respirer. J’entends une gilet jaune me rejoindre et me dire « Pars, je m’occupe de lui. ». Je m’éloigne, je respire mieux. Je me retourne et vois mon ami toujours étendu sur le sol, tout seul. Je ne peux pas le laisser là, je fais demi-tour pour le rejoindre. Au passage, je reçois encore quelques coups de matraque, cette fois dans les jambes. Mon ami se relève, on court, le plus vite qu’on peut. Je ne réussis pas à courir assez vite, je reçois une nouvelle vague de gaz et d’autres coups de matraques.

Ça pique les yeux. Ça brûle la gorge. Envie de vomir. Du mal à respirer. Colère. Du sang. Une plaie à la tête. Mes amis ! Guillaume ! vous êtes où ? Guillaume ! il faut aller à l’hôpital !

Une gilet jaune me prend par le bras, elle m’assoit plus loin. En attendant les pompiers, elle tente de nettoyer ma plaie avec du sérum physiologique et de de compresser la plaie. Toutes les personnes blessées sont rassemblées au même endroit. Le temps que les secours arrivent, on essaie de se soigner, de se retrouver, de se rassurer, un peu. Les pompiers sont là, je monte dans le camion. L’autre blessé plus grave, avec des plaies à la tête, refuse d’être emmené par les pompiers. Quelqu’un l’amènera aux urgences en voiture.

Dans le camion on étouffe, dans le service des urgences aussi. Les gaz ont imprégné nos vêtements, c’est irrespirable. M. se retrouve dans le box à côté de moi, il a des points de sutures et des agrafes ainsi que des contusions sur le corps. Ma plaie sur le crâne fait environ 10 cm de long sur 2 cm de large, les médecins posent 8 agrafes. J’ai des contusions dues aux coups de matraques, 3 dans le dos, 1 grosse au genou et 4 sur les cuisses.

Tout le temps de la manifestation nous avons été non-violents.
Pas de mouvement de foule, pas de projectiles lancés. Une personne est venue embaucher au commissariat, nous l’avons laissé passer en voiture sans entraver sa circulation. De même pour les deux policiers qui ont quitté le parking avec leur véhicule de fonction. Nous n’avons fait aucun geste agressif envers les policiers qu’ils soient à moto, à pied ou en voiture, qu’ils soient à 50 mètres derrière des grilles ou sur la route juste à côté de nous. Seuls les deux intermédiaires ont franchi la barrière automatique des voitures pour aller près des grilles parler au commissaire de police. Au moment où les forces de l’ordre sont sorties et se sont ruées sur nous, nous étions sur le trottoir, à 50 mètres d’eux, toujours inoffensifs.
Leur violence est gratuite, et le seul motif de leur répression, c’est que les manifestants pacifiques que nous sommes ont fait preuve d’une solidarité qu’ils ont jugé dérangeante. C’est une manière d’essayer de nous intimider. Les forces de l’ordre ? De quel ordre parlons-nous ? Pendant la manifestation de la journée, il y avait trop peu de policiers pour assurer la circulation, nous avons du et su gérer seul.e.s notre sécurité. Par contre, une fois la nuit tombée et les médias partis, certains étaient bien là et n’ont pas manqué de semer le désordre et d’atteindre à notre intégrité physique et morale.

Maintenant, que faire ?
Comment déposer une plainte au commissariat ? Comment déposer une plainte auprès des forces de l’ordre contre les forces de l’ordre elles-mêmes ? Si n’importe quel citoyen avait agi comme ça, des poursuites auraient été systématiquement engagées. Là, il s’agit de personnes qui ont été payées pour exécuter ces agressions.
Dans un pareil état de faits, peut-on vraiment prétendre vivre dans le pays des droits de « l’Homme » ? J’invite chacun et chacune d’entre nous, y compris les agents des forces de l’ordre qui nous lisent, à s’indigner face à ces injustices. Non, tout ne va pas de soi.
Ce témoignage n’a rien d’exceptionnel, les médias n’en parlent pas ou peu, ils minimisent ou orientent les faits. A la télé, les quelques fois où un CRS est blessé par un manifestant, on y passe des plombes, mais la situation inverse, pourtant franchement plus récurrente, on n’en entend pas parler, on l’évoque à peine.
Ils sont armés et protégés, pas nous. Et ce n’est pas parce qu’on est à Limoges, où les manifestations se passent habituellement dans le calme, que ces violences ne peuvent pas exister. Ce témoignage en est la preuve et n’est qu’une goutte dans la mer de tout ce qui est pas dit. Je demande donc à toutes celles et à tous ceux qui ont cessé d’être résignés ou qui ne l’ont jamais été et qui préfèrent se battre pacifiquement, d’avoir à l’esprit que oui, même à Limoges, nous risquons de subir des violences policières et de prévoir en conséquence tout le nécessaire pour éviter l’irréparable. À Marseille une femme de 80 ans serait décédée après avoir été blessée par une grenade lacrymogène et à Toulouse un homme serait entre la vie et la mort, plongé dans le comas après avoir reçu un tir de flash-ball sur la tempe.

Merci messieurs, j’espère que vous avez bien dormi cette nuit-là, moi pas tellement.
Merci monsieur le commissaire.
Merci monsieur le préfet. Merci l’ordre en place et ses forces gardiennes.

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