La passion du foot… et du code du travail !

9-avril-2016Je dois l’avouer : je ne suis pas une passionnée du foot… surtout du foot business ! Le foot business, c’est l’inhumain d’abord:  en l’espace d’à peine trente ans, le foot est devenu une activité des plus dérégulées de la planète.

Le système est à présent corrompu jusqu’à la moelle. La FIFA, qui était  à l’origine une petite association au service du football, – de par son statut, elle était à but non lucratif- est devenue aujourd’hui une multinationale !

Mais le foot ce n’est pas que cela ! « Le foot est historiquement un sport populaire et aujourd’hui, avec l’aggravation de la ségrégation urbaine/sociale et la paupérisation matérielle des banlieues, un sport pratiqué de plus en plus par les « jeunes de banlieue » » explique Stéphane Beaud. Et le foot est finalement un formidable révélateur des tensions profondes qui traversent la société.

Ainsi, depuis plus de deux mois, la mobilisation pour imposer le retrait de la « Loi Travail » se maintient et s’enracine. Le gouvernement, le Médef et tous les médiacrates nous abreuvent de propos haineux contre le mouvement social et singulièrement contre la CGT et son secrétaire général qui gâcheraient la « belle fête » que serait l’euro, et mettrait en péril la sacro-sainte « attractivité de la France ». Au-delà des scènes de guérilla urbaine entre supporters à Marseille et ailleurs qui disent tout ce qu’il convient de penser de ces poncifs éculés à la gloire du foot-business, il est une autre information, bien intéressante, qui étrangement (!) est passée complètement sous les radars des médiacrates de tous poils: l’euro ne serait-il pas un laboratoire de mise en œuvre de la loi travail avant même son adoption  ?

Ainsi on apprend par les inspecteurs du travail CGT que :

  • la SAS UEFA 2016, société à but très lucratif créée pour l’occasion, a obtenu une exonération fiscale sur les retombées attendues de la compétition, retombées estimées à près de 2 milliards d’euros (droits télévision, billetterie, merchandising). Seule la TVA (payée elle par les consommateurs) sera récupérée.
  • l’UEFA n’aura pourtant pas déboursé un centime pour la rénovation ou la construction des stades, des parkings, des routes… payés par les collectivités locales, la plupart du temps au moyen du partenariat public/privé permettant aux multinationales du BTP de s’en mettre plein les poches au passage. La SAS UEFA a même obtenue une compétence déléguée pour les stades, les camps de bases ainsi que les hôtels des équipes, assumant ainsi une « mission de service public » !
  • Quant au ministère du travail et de l’emploi, il déploie des trésors d’imagination pour éviter de trop laisser entrer le code du travail dans les stades ou les fans-zone, quitte à s’asseoir sur la convention 81 de l’OIT, « par exception aux règles habituelles » au nom de l’état d’urgence et de la « mission de service public » que rendraient les organisateurs de l’Euro :
    – accès aux stades et aux fan-zones rendu particulièrement difficile pour l’inspection du travail
    – vade-mecum de contrôle recommandant de prévenir à l’avance les organisateurs d’éventuels contrôles…
    – contacts pris entre la DGT et l’UEFA pour que le droit du travail suisse s’applique en matière de compensation aux dépassements de la durée du travail ;
    – à Lyon, dispenses d’autorisation de travail pour les ressortissants étrangers accrédités ou désignés par l’UEFA (joueurs, officiels, représentants des sponsors, journalistes, personnes impliquées dans le déroulement de l’euro) et même délivrance d’une carte de séjour temporaire pour les personnes qui séjourneraient plus de 6 mois en France… Pourquoi pas pour tous les travailleurs sans-papiers diront et les migrants, pourrait-on ajouter ????
    – création d’une association de « volontaires » bénévoles (domiciliée au siège de la FFF !) pour éviter à l’UEFA de recourir à des salariés…
    – des équipes de contrôle seront par contre seront constituées contre les auteurs de « marketing parasitaire » (produits contrefaits type écharpes ou t-shirts ; revendeurs de billets ; vendeurs ambulants de nourriture et boisson), constituées de salariés de l’UEFA, accompagnés de « volontaires » ; l’UEFA demandant à la DGCCRF de « patrouiller ensemble » !!!

« L’euro 2016, c’est un peu comme si la loi El Khomri s’appliquait avant l’heure: un droit du travail à la carte, avec des règles au rabais, négociable par tractations avec la DGT, et avec des risques de contrôle et de sanctions très amoindries. Raison de plus pour se batte pour son retrait, surtout pendant l’Euro ! » conclut à juste titre le syndicat.

Et on pourrait ajouter: qui défend vraiment la passion du foot et le vivre ensemble ? D’où vient la violence ? Certainement pas de celles et ceux qui se battent contre cette loi travail, pour le respect du code du travail… jusque dans les compétitions sportives !

Et vive tous les Insoumis qui se battent contre la loi de la jungle: au travail, sur les stades et partout  !

(2 commentaires)

    • anne-marie on 12 juin 2016 at 23 h 49 min
    • Répondre

    bien d’accord avec toi, et l’utilisation de sports ou brillent la magouille, la bêtise et la cupidité enfin bref le capitalisme, n’honore pas les états et institutions qui les utilisent pour anesthésier les gogos. Ce commentaire pour le foot, le cyclisme, le basket et les grandes messes de bien des sports corrompus.
    Par contre, les retombées (mais existent-elles puisque ces organisations s’exonèrent d’impôts) ne sont pas pour les petites associations ou clubs qui font de l’éducation populaire ou de l’éducation tout court (apprentissage du collectif, de la rigueur, de l’amitié et du plaisir) et on ne craint pas de fermer des piscines de quartier car là ça coûte trop cher.

    1. Effectivement, on peut supposer qu’on est là pour l’essentiel dans la socialisation des dépenses et la privatisation des retombées et bénéfices.
      Les dépenses sont à la charge des finances publiques et notamment des collectivités locales: construction et rénovation des stades, des parkings, des routes… Et les profits sont largement privatisés essentiellement à l’avantage de multinationales, voir font l’objet de petits arrangements entre amis: les grandes firmes du BTP font les travaux, l’UEFA est exonérée d’impôts, exploite en DSP les stades, camps de base et autres installations, y compris avec la complicité du ministère du travail, au détriment des travailleurs et des comtes sociaux. Le ministère du travail a donné instruction aux inspecteurs du travail de fermer les yeux sur le recours au travail au noir, sur le non respect du code du travail dans les stades, les fan-zones; par contre les consommateurs eux paieront la TVA, des brigades spéciales sont constituées entre l’UEFA et la direction de la concurrence pour lutter contre les « petits trafics »,…
      Nouveaux gros coups de canif dans l’égalité juridique des citoyens et l’État de Droit, sans parler de l’utilisation des impôts pour une large part aux bénéfices des + riches !

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